dimanche 24 novembre 2013

Allemagne : des salariés reprochent à Microsoft de vouloir fermer trois sites pour se défaire de représentants du personnel trop critiques

Alors qu'en France nous assistons à une tentative d'éliminer les responsables Syndicaux les plus actifs (CGT et CFE-CGC, la CFDT ayant été réduite à la non représentativité lors des dernières élections) ) on assiste également en Allemagne à des actions fortes contre les représentants du personnel. S'agit-il d'une action concertée menée au niveau européen, alors que Microsoft est en pleine réorganisation et mutation suite à la stratégie Device and Services et le rachat de NOKIA?


Par Marion Leo:


Le modèle du « temps de travail basé sur la confiance » est-il positif pour les salariés, permettant un meilleur équilibre entre vie professionnelle et vie privée, ou au contraire négatif, conduisant à une surcharge de travail incontrôlée ? Ou les deux à la fois ? Un conflit actuel chez Microsoft Deutschland, filiale allemande du géant informatique américain, illustre la complexité du débat. Selon la version en ligne du Spiegel (12.11), Microsoft entend fermer prochainement trois sites, à Hambourg, Bad Homburg et Böblingen, employant 500 salariés. Ces derniers vont continuer à travailler pour l’entreprise mais à domicile (télétravail). De nombreux salariés reprochent à Microsoft de vouloir, par ce biais, se débarrasser de CE gênants et contourner la loi sur le temps de travail. Car les salariés travaillant à la maison sont souvent amenés à travailler 50 à 60 heures par semaine pour achever leur mission. Des reproches récusés en bloc par la direction. (Réf. 130698)

Une culture du travail basée sur la confiance. Chez Microsoft Deutschland, qui emploie environ 2 700 salariés en Allemagne, la confiance est présentée comme l’une des valeurs fondamentales de l’entreprise. « Chez Microsoft, les valeurs comme la confiance et l’ouverture ne constituent pas de simples paroles en l’air : elles sont vécues au quotidien », souligne ainsi Brigittte Hirl-Höfer, directrice du personnel de Microsoft, ajoutant que les modèles flexibles de temps de travail et le principe du « temps de travail basé sur la confiance » permettent aux salariés de mieux concilier travail et vie privée mais aussi d’organiser eux-mêmes en toute liberté leur travail. « A l’aide des technologies de pointe de Microsoft, les salariés peuvent en principe travailler à tout moment et partout. Chez Microsoft, ce qui compte, c’est le résultat et non le temps passé en entreprise », déclare Mme Hirl-Höfer. Selon elle, cette nouvelle culture du travail est très appréciée des salariés. Et les nombreuses distinctions décernées à Microsoft lui donnent raison. L’entreprise a été ainsi élue à plusieurs reprises « meilleur employeur d’Allemagne » par l’Institut « Great Place to Work ». La dernière distinction remonte à avril 2013.

De nombreuses heures supplémentaires non payées. Mais ce modèle a apparemment aussi ses limites. « Microsoft porte atteinte depuis des années à la loi sur le temps de travail », affirme un salarié cité par Spiegel online. Selon ce dernier, de nombreux salariés en télétravail réalisent entre 50 et 60 heures par semaine pour remplir les objectifs ambitieux fixés par l’entreprise. Les nombreuses heures supplémentaires ainsi réalisées ne sont pas comptabilisées et demeurent impayées. Au printemps dernier, le CE du site de Microsoft à Bad Homburg a soumis à la direction un projet d’accord d’entreprise visant à mieux réglementer le temps de travail. Mais en juillet, la direction a annoncé la fermeture des trois sites concernés. Selon Thomas Mickeleit, porte-parole de Microsoft, cette fermeture n’a rien à voir avec les critiques exprimées par les CE. Il s’agit d’une décision stratégique. « Microsoft va à l’avenir se concentrer sur Munich, Cologne et Berlin », précise le porte-parole. Selon lui, cette décision ne vise pas non plus à réduire les coûts mais à permettre aux salariés d’avoir une plus grande souplesse dans la gestion de leur travail. « Nos collaborateurs apprécient beaucoup le modèle du temps de travail basé sur la confiance », assure le porte-parole.

Planet Labor, 13 novembre 2013, nº 130698 (7935) – www.planetlabor.com